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09 novembre 2022

Le bel élan du lin

C’est la fibre la plus ancienne du monde : le lin. En France, il a connu l’essor, puis le déclin au profit du coton et du synthétique, sans jamais disparaître du paysage.

Depuis quelques décennies, il suscite un regain d’intérêt dans tous les secteurs, de la mode à l’aéronautique. Ce végétal unique, l’entreprise Van Robaeys Frères, née il y a plus de cent ans dans le Nord de la France, n’a jamais cessé d’y croire. Rencontre avec son PDG, Pierre D’Arras (103 ILI).


Quand on se renseigne sur le lin, on découvre une polyvalence inattendue…

Oui ! C’est un matériau qui se prête à énormément de process industriels et offre de nombreux avantages (résistance, légèreté, recyclabilité, thermorégulation…). Il allège par exemple les composites de 30% et possède des propriétés similaires à la fibre de verre, tout en étant plus confortable et plus sain pour les opérateurs. Il surpasse le coton en termes de douceur, de confort et de durabilité. Et ses applications dans le sport, l’automobile et l’aéronautique sont prometteuses.

Quid de son intérêt environnemental ?

Sa culture exige très peu d’intrants et d’eau. Une fois le lin arraché, la dégradation des ciments qui lient la fibre au bois est effectuée naturellement par des microorganismes agissant à même le sol, sous l’effet de l’alternance pluie/soleil. Et toute la plante sert. Des fibres (habillement, isolationou papeterie) aux fragments de bois (chauffage ou panneaux de particules), en passant par la poussière de lin (compost).

Où en est la filière en France et quels sont ses défis ?

Elle est très dynamique, mais se heurte à certaines contraintes de par sa petite taille et la spécificité de son savoir-faire. Par exemple, les constructeurs de machines à lin étant rares, il est très difficile de trouver les moyens de nos ambitions en R&D. Le changement climatique est bien sûr un gros défi. Les projections sont délicates à réaliser, mais nous devons encore réduire les intrants et adapter nos techniques. Le cycle végétatif du lin est très court, donc sensible à la sécheresse. Le terroir, qui s’étend sur une bande côtière de Caen à Dunkerque, pourrait se modifier.

Nous expérimentons d’ailleurs deux nouvelles zones de culture. La filière essaie aussi de réduire sa dépendance à la Chine et à l’Inde : travailler avec des filatures européennes ou en recréer, raccourcir nos circuits pour être compétitifs, créer des synergies, partager nos savoirs… Le tout, sans tomber dans le protectionnisme, car, dans ce marché mondial, nous dépendons les uns des autres. Il ne faut pas l’oublier.

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