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02 décembre 2021

Des bénévoles au service des écoles de production
Témoignage d’Alain Devienne (73 ILI)

Cours de maths, français, coaching… Des Alumni offrent un peu de leur temps et de leur expérience aux élèves des écoles de production de l’Icam. Des rencontres qui ouvrent l’esprit et le cœur.

 

Alain Devienne Icam


Au bout du couloir du bâtiment ‘R&D’, derrière les lourdes portes, l’atelier bourdonne d’une joyeuse rumeur. Bienvenue à l’école de production de l’Icam Grand Paris Sud, ‘mélange d’école et d’entreprise’, résume Pierre Soulard (74 ILI) en franchissant le seuil du local équipé de lourdes machines. Cet ancien de l’Icam a participé en 2015 à la création de l’école de production sur le modèle de celles développées par l’Icam sur ses sites de Lille, Nantes et Toulouse. ‘La structure qui permet d’ouvrir nos étudiants à d’autres publics et de réinsérer des jeunes par le travail est en droite ligne de la pédagogie de l’Icam’, analyse Pierre Soulard.

L’école accueille une vingtaine de jeunes entre 15 et 25 ans environ, qu’elle prépare en deux ans au CAP ‘Conducteur d’installations de production’. À la clé, un poste d’opérateur-régleur sur machines à commandes numériques, très demandé. C’est lui qui choisit et règle les outils qui serviront à fabriquer en série des pièces pour l’aéronautique, l’automobile ou encore l’industrie. 

Certains sortent directement de 3e, d’autres ont fait un détour par le lycée général ou professionnel avant d’être dirigés vers l’école. Sa spécificité ? Une pédagogie concrète et un encadrement étroit pour tenter de réconcilier avec les études, des jeunes au parcours souvent chaotique.

Icam - Ecoles de production

Une formation centrée sur l’atelier  

Ici, les deux tiers de la formation ont lieu à l’atelier où les jeunes apprennent leur futur métier ‘en fabriquant de vraies pièces pour de vrais clients : Alpine, KG Industrie, Safran Aerosystems Fluid…, énumère Vincent Morin, l’un des trois maîtres professionnels en désignant la vitrine remplie de pièces de toutes tailles. Nous avons un bon réseau de partenaires qui prennent nos élèves en stage et les embauchent à la fin de leur formation.’ 

Ce matin de septembre, le formateur enseigne à la petite dizaine d’élèves de 2e année de CAP le réglage du centre d’usinage et du tour à commande numérique, qui leur serviront à fabriquer les pièces. Ensuite, c’est à eux de jouer. Même s’ils ne comprennent pas toujours pourquoi ils ne sont pas rémunérés pour leur travail, les élèves aiment cette pédagogie par l’action.

“C’est émouvant d’entendre un élève remercier l’école et la France pour ce qu’elle lui a apporté“

Icam - Ecole de production

Des cours assurés par des bénévoles  

Le reste du temps est consacré aux matières générales : français, maths, physique-chimie, anglais… Les cours sont assurés en majorité par des bénévoles. Parmi eux, des étudiants de l’Icam et plusieurs Alumni, comme Tiffany Lelong (117 APS). ‘En tant qu’étudiante, j’étais très impliquée dans la vie de l’Icam et lorsqu’en 2019, j’ai reçu un mail disant que l’école de production cherchait des bénévoles, j’ai foncé’, raconte la diplômée 2017 de la filière ‘apprentissage’ de l’Icam Grand Paris Sud.

Pendant deux ans, 3 h par semaine, elle a dispensé des cours à un petit groupe d’élèves. Une expérience fondatrice, même si reconnaît-elle, il a fallu un peu de temps pour apprivoiser certains élèves. ‘Certains ont choisi d’être là, d’autres sont plus rétifs au début, mais une fois qu’ils ont compris qu’on était là pour eux, le courant passe mieux’, raconte Tiffany. Au contact de ces jeunes, au parcours souvent chaotique, l’ingénieure a beaucoup appris : ‘Ils m’ont aidée à être plus patiente, à garder mon calme, à expliquer différemment quand ils ne comprenaient pas. Ils m’ont aussi ouvert l’esprit.’

Soutien et coaching  

Certains élèves arrivent avec de grosses lacunes, et à côté des cours collectifs, les bénévoles assurent des séances de soutien, y compris en français. À Toulouse, en effet, un tiers des élèves sont des primo-arrivants qui maîtrisent très mal la langue de Molière. Des coachs sont également là pour les épauler. Depuis son départ à la retraite, Alain Devienne (73 ILI), ancien du transport aérien, accompagne chaque année plusieurs jeunes de l’école de production de l’Icam Toulouse. ‘L’idée est de répondre à des sujets qu’ils n’oseraient pas aborder avec leurs encadrants, d’échanger sur d’éventuelles difficultés, rapporte cet alumni très engagé dans la vie de l’école d’ingénieur. Certains ont des conditions d’hébergement complexes qui les empêchent de travailler le soir à la maison… Quand ils partent en stage, on parle de leurs appréhensions et on fait le bilan au retour’, confie-t-il. En 2e année, il met l’accent sur la définition du projet professionnel.

Icam - Ecoles de production - atelier

‘On se sent utiles !’  

Comme Tiffany Lelong, Alain Devienne apprécie le contact avec ces jeunes, arrivés pour certains d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est au terme d’un long périple. ‘Globalement, les élèves sont réceptifs. En tant que bénévoles, on ne les juge pas, on ne leur met pas de notes, l’enjeu, c’est juste de créer un climat de confiance. Ça permet de toucher du doigt une réalité qu’on n’a pas eu l’occasion de côtoyer, et surtout de se sentir utiles !’, assure-t-il.

À la fin des deux ans, une majorité d’élèves des écoles de production obtiennent un CAP. Les élèves les plus à l’aise poursuivent leurs études en bac professionnel. Les autres n’ont en général pas trop de mal à se faire embaucher dans les entreprises de la région. Une grande satisfaction pour les bénévoles. ‘C’est gratifiant d’apprendre qu’ils ont obtenu leur CAP, et drôlement émouvant d’entendre un élève remercier l’école et la France pour ce qu’elle lui a apporté’, confie Alain Devienne.

À Grand Paris Sud, sur les 10 de la promo 2021, 4 sont en poursuite d’études, 1 en convalescence suite à une opération, 3 n’ont pas donné de nouvelles et 2 travaillent.

 

Les écoles de production, une marque de fabrique Icam 

L’école d’ingénieur développe des écoles de production depuis le début des années 2000. Elle en compte aujourd’hui six en France : Lille, Nantes, Toulouse, Grand Paris Sud, Vannes et la Roche-sur-Yon. Toutes membres de la Fédération nationale des écoles de production (FNEP), elles accueillent quelque 200 élèves, épaulées par plus d’une centaine de bénévoles.

Icam - Ecoles de production

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