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09 mai 2023

Cécile Fléchel-Lebrun, de l’automobile au tracteur

Après avoir été ingénieure dans l’industrie et chargée de cours à… l’Icam, la diplômée lilloise (2010) a repris la ferme familiale dans le Valenciennois.


Comment passe-t-on d’une première vie professionnelle dans l’automobile à une reconversion agricole ?

 

Arrivée chez Renault en 2011, j’y suis devenue Responsable de l’équipe Méthodes et Logistique. Un poste où j’étais très épanouie, avec de beaux challenges. Puis la question des horaires professionnels s’est posée au moment de l’entrée à l’école de mon aîné. Avec mon mari, ingénieur Icam travaillant dans le ferroviaire, il a fallu trouver une nouvelle organisation. Tutrice d’un élève Icam chez Renault, j’ai saisi l’opportunité de rejoindre l’école pour y enseigner la gestion industrielle, une matière pour laquelle j’avais suivi un Master à Montréal. C’est à ce moment que la question de la reprise de l’exploitation familiale – 120 hectares en polyculture – s’est posée avec la retraite à venir de mes parents. J’y voyais une réponse en termes d’équilibre familial et d’envie d’entreprendre. Par ailleurs, j’étais très affectée par le traitement médiatique du monde agricole, accusé de tous les torts sur un plan environnemental. C’est pour toutes ces raisons que je me suis lancée.

Comment la transition s’est-elle opérée ?

J’ai suivi une formation agricole à l’Institut de Genech (59), condition sine qua non pour pouvoir reprendre les baux de mes parents. J’ai été leur stagiaire pendant un an, le temps de voir si ça me plairait. J’ai aussi fait appel à une coache pour m’assurer que je prenais bien la décision pour moi et non pour mon père ou pour mes enfants. J’ai finalement créé mon activité, début 2020. Une période pas du tout stressante pour se lancer (sourire) !

La formation Icam t’a t'elle aidée dans cette reconversion ?

A l’école, on acquiert cette idée qu’on n’arrive pas quelque part pour tout révolutionner et que la réussite part de l’opérateur. Pendant un an, je me suis mise « dans les chaussures » de mon père, sans remettre en question ses pratiques. L’Icam et mon expérience dans l’automobile m’ont aussi armée pour garder la tête froide et prendre du recul, afin de « relire une expérience » et être sûre de rester sur la bonne trajectoire. Contrairement à la conduite de projet dans l’industrie – pour laquelle il y a souvent un « reste à faire » –, il y a aussi, en agriculture, un sentiment d’achevé qui est agréable. Qui plus est, le métier présente de nombreuses facettes. Par exemple, j’ai lancé une ferme pédagogique, au sein de l’association du Savoir Vert, pour réduire le fossé qui s’est creusé entre la population et les agriculteurs, ces 20 dernières années. Je sais donc que je pourrai toujours ajuster mon quotidien professionnel, tant que la ferme reste rentable

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