Philippe Jaubert a toujours eu l’âme d’un entrepreneur. À la fin de ses études, il s’associe avec un camarade de l’Icam et crée sa première entreprise… avec un demi Smic en poche. Malheureusement la société dépose le bilan en 2000. Le jeune entrepreneur ne se décourage pas et crée une nouvelle société de fabrication de machines-outils. Succès : il la revend en 2013 avec un chiffre d'affaires de 25 millions de dollars à l’international. En 2017, celle-ci dépose le bilan, mais il en avait racheté les murs : un local de 2 200 m² à Cologne, petit village du Gers comptant 1 000 habitants. Que faire ? Vendre ou louer ? Il se souvient alors d’avoir été aidé à ses débuts. Bien que sans expérience dans ce secteur, il décide donc d’utiliser ses locaux pour créer une pépinière d’entreprises.

Un projet générateur d’emplois

Justement, le développement économique repose sur nombre d’acteurs locaux (collectivités, chambres de commerce…) qui participent à soutenir la création d’entreprise. Une aubaine ? Pas vraiment pour Philippe Jaubert, qui ne rencontre pas les soutiens espérés. C’est donc seul qu’il ouvre sa pépinière “Le Site” en janvier 2018, avec un unique locataire. Trois ans plus tard, la structure a généré 65 emplois, dont une vingtaine ont depuis essaimé. “Le Site” accueille tout type d’entreprise, dans les domaines des charpentes métalliques, des centrales photovoltaïques, de la robotique, de la réalité virtuelle, mais aussi une biscuiterie, des fabricants de rhum arrangé, de kombucha (thé fermenté) ou encore de meubles… Philippe Jaubert privilégie les projets industriels (environ 50 % actuellement) car, rappelle-t-il, un emploi industriel crée cinq emplois induits, contre deux pour un emploi de services et un seul pour un emploi de commerce.

Une pépinière conviviale fondée sur l’accompagnement

L’initiative de Philippe Jaubert a déjà permis de créer 25 entreprises, sans aucune publicité : tout fonctionne à la recommandation. L’ancien entrepreneur sélectionne les jeunes pousses sur la motivation de leur fondateur, et se positionne bien plus en accompagnateur qu’en juge. Il les aide à trouver des contacts ou des fournisseurs, à embaucher… Une approche bienveillante qui renforce la convivialité du “Site”, seule pépinière, en région, à se passer de subventions. Cette expérience permet à Philippe Jaubert d’affirmer qu’il n’existe pas de modèle pour créer son entreprise ; on n’a pas forcément besoin de fonds, ni d’être issu d’une famille d’entrepreneurs ou d’avoir effectué de longues études (même si cela aide). Pour lui, la motivation et l’envie sont décisives : c’est ce qu’il recherche avant tout chez les entrepreneurs qu’il accompagne.